Kylo Ren - This heart that I misplaced

• Un événement heureux dans la vie de votre personnage?
Il ne se souvient pas de choses heureuses en particulier, et tout est brume, et tout est chaos. Parfois il y a le rire d'un enfant à son oreille, un enfant mort, et le son est doux, ténu, c'est à peine s'il peut l'entendre par dessous la voix. La voix sombre, la voix de ténèbres, celle capable de lui donner un nom, et elle l'apaise un peu. Il a mal, il a si mal, la voix parle encore, elle ne s'arrêtera jamais, il lui a juré fidélité depuis longtemps, trop longtemps. Snoke....

• Pire cauchemar de votre personnage?
Que craint le monstre ? Pas la nuit et les ténèbres, mais le silence peut-être, loin de la voix, au milieu du chaos et du désordre. Le chaos, voilà ce que son cœur fatigué espère combattre, ce que son sabre brûle de trancher. Il y a cette obsession en lui depuis l'enfance de choses qui ne devraient pas être. Tout se doit d'obéir aux règles, absolument tout...  Il craint l'agitation et le bruit à la manière d'un animal sauvage et fou, et ses cauchemars le privent de toutes logiques, le laissant au réveil faible, paniqué.  Car le chaos a depuis trop longtemps dévoré sa propre paix....

• Votre personnage a-t-il déjà vu la Force être utilisée? Quels sont ses sentiments à ce sujet?
Sa mère faisait des choses étranges parfois, une manière de froncer le nez, de vous regarder, une manière de savoir, toujours. C'était la Force, et son père ne l'avait pas, alors pour ne pas lui faire de peine Ben essayait de cacher. Cacher qu'il était comme maman, qu'il fronçait le nez en voyant quelque chose qu'il ne comprenait pas et comprenait pourtant. Est-ce que c'était bien alors de ne pas ressembler à son père ? Et lorsqu'ils découvrirent, lorsqu'ils surent, Ben comprit qu'il les avait déçu. Qu'ils le sentaient tout près du noir, tout près des ombres, et que la Force était cruelle, le réclamait. Qu'elle ne le recracherait jamais...

Il voyait l'enfant dans son sommeil, ne pouvait le chasser. L'enfant avec les cheveux en batailles, un peu de boue sur les joues, un peu de boue sur le nez, il avait dû se rouler par terre, jouer avec d'autres garçons, se battre comme on le fait à son âge, avec joie et déraison. Les ténèbres n'approchaient pas, on pouvait les croire loin, loin à jamais. Elles viendraient pourtant, il y aurait la mort, il y aurait la trahison, et comment l'expliquer à cet enfant ? Cet enfant qui saignait du nez soudain, les yeux sombres, il n'y avait plus de jeux, il n'y avaient plus d'amis, juste la douleur.

 « Je veux mon père ! »

Alors Kylo Ren se rappelait de l'obscurité, du gouffre menaçant de l'engloutir et de la colère aussi. La colère pour lui brûler le corps, lui brûler l'âme, goût de sang dans sa bouche et souvenirs embrumés. L'homme devant lui, les cheveux blancs, le regard triste, lui l voulait juste voir son fils, et le masque tomba lourdement au sol.... Han Solo, vieux, usé, sans rêves, sans rien. Il n'y avait plus l'enfant pour se jeter dans ses bras, pour lui murmurer qu'il avait mal parce que les mots le blessaient, le tuaient un peu. Les mots là, dans sa tête, mais s'il en parlait trop fort on le prendrait pour un fou n'est-ce pas ? Et les fous, ça ne rendaient pas leurs parents fiers. Ils le disaient trop près des ombres et lui, le gamin, il comprenait pas. On murmurait un nom aussi, et c'était comme une respiration lourde, trop lourde dans sa tête. Pauvre gamin....

Il parla, Kylo Ren, sans masque il parla, et le rêve rendit ses mots déformés comme si le masque le recouvrait encore, le recouvrait toujours.  « Ton fils est mort, je l'ai tué ». L'enfant qui se saisissait du sabre, et le sabre le brûlait, le marquait. La voix toujours, comme une main sur son épaule, car il était seul, et son père ne venait pas, et sa mère n'était pas là. Quand l'enfant était-il mort ? Ben et sa tignasse qui repoussait toujours malgré la coupe de Padawan, Ben et ses grimaces lorsqu'il ne comprenait pas, n'y arrivait pas. Sa main avait touché le sabre, l'enfant avait disparu. Il ne voulait pas revoir ça bien sûr, car le rêve était cruel, car rien ne l'en consolerait jamais. Les yeux de l'homme, une main sur son visage, il lui avait demandé de l'aide et le gouffre avala alors une si vieille lumière....

 « Je veux mon père ! »

Le fantôme de l'enfant, et Kylo ne comprenait pas, incapable de se réveiller, car depuis cette planète qui les emprisonnait, la Force était trouble, la Force était sombre. Il ne comprenait pas, car Han Solo était mort, Ben aussi, et cela le réjouissait presque puisqu'ainsi l'enfant ne serait plus seul désormais. L'enfant l'était pourtant, cela n'aurait pas dû. La voix, la sienne, car celle de Snoke ne résonnait plus, et les mots étaient mécaniques alors....

 « Il est mort, comme toi, tu vas le retrouver »

 « Non... »

Alors personne ne le serrerait jamais dans ses bras, ce pauvre gamin ? Il ne voulait plus y penser, il voulait oublier. Le rêve s'accrochait pourtant, malgré le hurlement de rage qui retentit alors. Le sien. Et des étoiles pouvaient mourir à ce simple cri, car là était la solitude la plus profonde, là était la tragédie. Il rêvait, prisonnier, il rêvait, mais quelqu'un d'autre aussi, la jeune fille de Jakku, celle dont il connaissait le nom, celle appelée par un sabre ne lui appartenant pas. Ell pleurait, elle pleurait car elle voyait le pont vide désormais là où un homme aurait dû continuer à se tenir, aussi vieux soit-il. Et les mots de haines reprenaient alors, ceux de Snoke, ceux que Kylo Ren écoutait pour faire cesser la solitude un peu. Ca ne s'arrêterait jamais ….

Le rêve cessa, le rêveur s'éveilla.  Un lac noir et profond sembla le recracher un peu, déjà la chaleur s'annonçait éprouvante sans que quiconque eut le droit de se plaindre. Kylo Ren écouta les bruits de l'aube, la lumière qui peu à peu, dessinait le contour du monde, des choses.
Et la colère 'éveillerait aussi bientôt, sa colère...