Obi-Wan ◭ Strength and nobility in restraint

• Un événement heureux dans la vie de votre personnage?
Sa première mission. Non pas une de celles qu’il menait en tant que bras droit de Qui-Gon Jinn. Le Maître Jedi lui avait cette-fois ci confié une tâche lui demandant de se débrouiller seul. Il ne l’avait fait que par nécessité, car le temps lui manquait, et qu’il était retenu sur Coruscant. Il n’était question que de récupération de données sur Utapau, mais la confiance nouvelle qu’il montrait à l’égard d’Obi-Wan était tout ce dont celui-ci avait besoin. Le Padawan qu’il était avait acquiescé, se maintenant droit à l’image d’un soldat. Il ne l’avait pas remercié, malgré sa reconnaissance. Rien entre eux n’avait jamais suscité de telles effusions. A cet effet, Qui-Gon Jinn était toujours resté dans la retenue. Lorsqu’Obi-Wan lui tourna cependant le dos pour le quitter, il ne manqua pas de lui faire remarquer qu’il avait perçu l’enthousiasme qu’il lui apprenait pourtant à cacher.

• Pire cauchemar de votre personnage?
Jedi, Obi-Wan s’est satisfait d’une vie simple, sans biens et sans attaches. Ainsi il ne pouvait craindre de perdre ce, et ceux qu’il aimait. Il eut pourtant, malgré les prisons dans lesquelles on enfermait ses sentiments, souffert de la disparition de son Maître, puis de son Padawan. Mais sa plus grande crainte est ailleurs. Présente depuis que la Force obscure trouble l’équilibre, elle devient le cauchemar d’une Galaxie éteinte, revêtant souffrance et misère. Il appelle ça le Chaos, et y voit les paysages de Mustafar. Des cieux bruns, un air irrespirable, et une terre sismique déchaînant des torrents de lave. Inconsciemment parce qu’il y livra son combat contre Anakin, et qu’il en garda toujours la plus triste des images. Il souhaite que ses craintes ne soient jamais plus qu’un cauchemar, mais tout devient déjà sombre et noir.

• Votre personnage a-t-il déjà vu la Force être utilisée? Quels sont ses sentiments à ce sujet?
Obi-Wan est né à une époque où la Force prospérait, et où l’on croyait encore aux Chevaliers Jedis et en leur capacité à maintenir la paix dans la Galaxie. Il fût l’un d’entre eux. Comme tout enfant montrant des aptitudes à maîtriser la Force, il fût enlevé et entraîné à devenir un Jedi. Il a toujours cru en la Force, et en la paix. Si bien que la perte de ce savoir le rendit nostalgique et amer. Lorsqu’il disparut, il ne fit plus qu’un avec elle. Il sait la Force puissante, et connait la valeur de ses bienfaits. C’est elle qui l’a ramenée d’entre les morts pour en faire un de ses gardiens. Mais s’il ne doute pas en elle, il commence à comprendre, de par l’existence de Gilgr’aamesh, et de par son retour dans le monde des vivants, qu’elle est une entité bien plus dévastatrice qu’elle n’était destinée à l'être. Il doute en ceux séduits par son côté obscur, et se demande s’il est possible de ramener l’équilibre que l’Ordre Jedi avait maintenu des siècles.

    Il y eut des noms qui furent oubliés, plus encore des visages. Ce, bien avant que la mort ne les effacent. Ils avaient été des hommes ou des créatures, des héros parfois, et ne restait plus d’eux que l’immortalité d’une légende leur promettant un jour de n’avoir jamais existés. Comment auraient-ils pu, à l’heure où la Galaxie se peignait d’obscurité et de peur ? Car ces noms étaient synonymes d’espoir, et que les peuples, depuis longtemps, en avait fait le deuil.

    Dans les derniers murmures encore présents, subsistait le nom d’Obi Wan Kenobi. Jedi disparu, terré si profondément au cœur des terres de Tattoine, que l’on doutait de son existence. A ceux assez vieux pour se souvenir de l’époque où les Jedis étaient présents, il restait la certitude qu’aucun d’entre eux n’avait survécu au temps. Obi-Wan lui-même, à force de vivre dans un désert sans fin, à l’image d’une solitude qu’il avait choisie par nécessité, se voyait douter de ce qu’il avait été. Cette vie qu’il menait depuis la dissolution de l’ordre des Jedis, était tout ce qu’il avait cherché à fuir lorsqu’il était enfant. Il y’avait en lui la Force, nourrissant sa volonté de se battre pour les valeurs qu’on lui avait inculquées. Son corps et son âme ne lui appartenaient plus depuis sa plus jeune enfance. Là, il les avait cédés à sa cause, oubliant tout ce qui aurait pu le maintenir homme, et devenant l’ombre du Jedi que Qui-Gon Jinn lui permettrait de devenir. Il avait été tout ce qu’il souhaitait être, malgré la mort prématurée d’un maître lui ayant tant accordé. Il le fût grâce aux enseignements, grâce à sa foi, et plus étonnamment grâce à Anakin. Seulement tous ces souvenirs qu’il gardait siens, se murant dans son silence depuis des années, devinrent les restes d’une époque révolue où il n’avait plus sa place. Il n’avait pu échapper aux affres du temps. Il était devenu vieux, portant en lui le deuil de son nom, pour ne devenir que l’ermite intriguant et redouté pour la gangrène qu’était sa folie.
    Obi-Wan Kenobi fût finalement témoin de ce qu’il avait attendu depuis son isolement. La naissance d’un nouvel espoir. Il donna sa vie pour préserver l’étincelle nouvelle de ce en quoi il avait toujours cru. Un sacrifice rendant gloire à son nom, paix à sa conscience, mais n’étant jamais qu’une histoire de plus à ajouter aux légendes.



    Un jour, l’on reconnut en lui des forces dignes des plus grands Jedis. Il aurait aimé que ces forces aies toujours été là, et que le Jedi qu’il fût ce jour, ne soit pas seulement le résultat d’années de travail acharné. Comme tous les enfants enlevés pour servir la Force, il ne se souvint que de l’admiration qu’il eut éprouvée pour ses éducateurs et mentors. Il eut besoin de les rendre fier, d’obtenir d’eux les attentions qu’on ne lui accorderait jamais. Pour se faire, il se soumit à toutes leurs exigences. Mais son envie de réussir était telle, qu’il nourrit sans le vouloir la peur de ses échecs, sa faiblesse. Obi-Wan Kenobi, malgré ses efforts pour devenir l’un des élèves les plus prometteurs, n'obtint que l'insatisfaction d'en être un parmi d'autres. Il n'eut jamais été question de compétition, mais l’enfant qu’il était ne pris conscience que très tard que ce n’était pas pour leur fierté qu’il devait se battre, mais pour les valeurs qu’il partageait avec eux. Car ce qu’il leur demandait était d’être des parents, mais sa condition lui avait fait perdre le droit d’en avoir. Il ne le compris jamais, car la notion lui échappait. Il apprit seulement à grandir, et à oublier le besoin qu’il avait eu d’être materné. Il se délesta peu à peu de ses peurs, les tuant à leur source en brisant sa dépendance à l’amour de ses aînés, maîtrisant une faiblesse qui l’avait toujours freinée.

    Il apprit à se taire et à écouter, auprès de Yoda, plus encore aux côtés de Qui-Gon Jinn, qui devint son plus grand modèle. Ce dernier lui enseigna une leçon qu’aucun autre Jedi ne lui aurait enseignée. Il lui apprit à avoir confiance en son jugement, et ne pas seulement se soumettre au conformisme de l’Ordre Jedi. Un art dans lequel il était passé maître. Si Obi-Wan ne réussit jamais à se défaire de l’asservissement auquel il s’était livré depuis toujours, il y gagna sa foi en lui-même. Peut-être aurait-il suffit d’un peu plus de temps auprès de son maître pour lui faire gagner en panache et en caractère. Pour faire disparaître l’ombre des doutes qui chuchotaient depuis toujours en lui. Toujours est-il que la mort de Qui-Gon Jinn le poussa à embrasser un nouveau rôle. Celui de précepteur.
    Il avait beaucoup à apprendre avant de devenir le maître qu’il fût pour Anakin Skylwalker. Obi-Wan n’avait pas cru en lui comme Qui-Gon Jinn l’avait fait. Il s’était une nouvelle fois fié à son expérience. Par loyauté, ou par une docilité dépassant l’entendement, il avait fait la promesse, à l’heure où celui-ci mourrait, d’assurer l’apprentissage du jeune garçon. La fougue d’Anakin avait contraint Obi-Wan à devenir un modèle de sagesse. Une façon de contrôler ce qui brûlait dans le cœur de son Padawan. Il devint pour Anakin ce qu’il avait désiré que l’on soit pour lui. Un parent, un soutien. En endossant ce rôle, il combla sans le vouloir ce qui était resté vide au fond de lui. Inconsciemment ou non, il se transforma à l’image de Qui-Gon Jinn. De lui il imitait l’attitude, usurpait la prestance, jusqu’à devenir le Jedi qu’il s’était promis d’être. A la différence qu’il obtint prématurément une place au conseil Jedi, et qu’il n’eut jamais la lueur marginale que lui avait.

    Seule l’ombre de ses détresses planant au-dessus de lui était une entrave à ce qu’il était. Il devint rapidement un élément indispensable à l’Ordre, menant brillamment la plupart des missions lui étant confiées. Il fût pour la plupart de ces missions, accompagné d’Anakin. Mais pensant à le protéger, il s’en éloigna pour affronter seul le côté obscur de la Force. Il ne réussit qu’à le laisser sombrer dans l’étreinte séduisante qu’elle représentait. Avant qu’il ne puisse s’en rendre compte, l’Anakin en qui il croyait avait été détruit par l’entité qui s’était réveillée en lui. Il s’en voulu, plus encore qu’il ne fût déçu par la faiblesse dont son Padawan avait fait preuve, car il s’était promis d’assurer sa protection, et qu’il avait échoué. Or l’échec était ce qu’il redoutait le plus. Une hantise née bêtise, qu’il savait faire taire, mais qu’il devait parfois brûler par la force d’un verre, plaisir coupable gardé secret. Lorsqu’il affronta Anakin la première fois, il ne put se résoudre à le tuer. Presque mort, il laissa son destin aux mains d’un espoir n’ayant plus sa place. Cet espoir le poussa à protéger les enfants qu’il laissait derrière lui. Plus tard, il le poussa à croire en son fils, Luke, et en la rédemption à laquelle il pouvait mener Anakin.



    Obi-Wan eut été un enfant tenant un sabre laser, et un vieil homme dans le désert. Il eut été un ami, un allié, mais un ennemi aussi. Il eut enfin été corps puis brume. Quant à ce qu’il est à présent, nul ne le sait.
    En son âme et conscience, il s’est dévoué corps et âme à la Force, finissant à sa mort, par ne faire plus qu’un avec elle. S’il disparut physiquement, son esprit revint de nombreuses fois à Luke pour lui donner la force de croire en lui et en l’avenir. Une preuve qu’il resterait à jamais le protecteur des valeurs pour lesquelles il s’était battu. Il avait trouvé la paix au travers d’un nouvel espoir, et fût plus heureux encore de voir son ancien ami Anakin trouver la sienne. Mais alors que la finalité de son existence était acquise, la Force l’acquitta d’une nouvelle tâche. Elle lui rendit le corps qu’il avait abandonné, sans lui donner le choix de l’accepter. Obi-Wan devenait ainsi un des gardiens de la Force. Une ombre sujette à son emprise et sa gravité. Comme pour lui rappeler ses échecs passés, il redevint celui qu’il avait été à l’heure où l’Ordre Jedi disparaissait, et où il perdait Anakin. A nouveau allié à lui, il cherche à comprendre les caprices de la Force. Dans un cercle vicieux, les erreurs commises tendent à se réitérer. Il espère cette fois être capable de les éviter. Mais les doutes s’éveillent. Il craint la Force, et remet en question tout ce pourquoi il s’est battu jusque-là. Car la Force obscure se répand, et menace depuis trop de générations l’équilibre de la Galaxie.